LA CHINE ET L'AFRIQUE CONCLUENT UN NOUVEAU PARTENARIAT SUR LA BASE DE LEUR AMITIÉ ANCIENNE
2007-09-20 00:00

Par Chang Ailing (China Features)

En Chine, beaucoup de quarantenaires connaissent l'Afrique à travers le chemin de fer Tanzanie-Zambie construit avec l'aide de la Chine dans les années 1970, et à travers les médecins volontaires chinois partis travailler en Afrique dans les années 1960.

Zhou, 44 ans, s'imagine l'Afrique comme un désert avec une économie tiers-mondiste, mais il a changé d'avis en 2004 quand il a été nommé chef d'équipe d'un projet visant à concevoir et à fabriquer un satellite pour le Nigeria, le premier satellite géo-stationnaire à quatre fréquences d'Afrique.

"J'ai eu de la chance de visiter Abuja pour livrer le satellite au Nigeria après qu'il a été lancé en Chine en 2007, et testé", a dit Zhou.

"Abuja est très bien con?ue et les gens que j'ai rencontrés là-bas étaient professionnels et curieux d'apprendre. J'ai été étonné par la vitalité et l'ambition du pays", a-t-il dit.

"Après plus de deux décennies de réformes et d'ouverture, la Chine est en mesure de satisfaire aux besoins des pays africains, notamment pour les technologies sophistiquées, à un coût relativement bas, et d'apporter son expérience de réduction de la pauvreté et de développement économique", a dit Liu Naiya, chercheur de l'Académie des sciences sociales de Chine spécialisé dans les affaires africaines.

"Le projet de satellite est un bon exemple. Nous avons la technologie et les Nigérians ont un besoin. Une telle coopération est bénéfique pour les deux pays", a-t-il dit.

Par rapport aux technologies occidentales, celles de la Chine ne sont pas forcément plus avancées mais les services que fournit la Chine sont plus rentables. En plus, comme la Chine est prête à transférer plus facilement ses technologies, cela rend ses produits de haute technologie plus accessibles que les produits occidentaux.

Dans le projet de satellite, la Chine a non seulement con?u, construit et lancé le satellite, mais aussi mis en place deux stations de contrôle sur sol et formé 50 techniciens nigérians, selon Zhou.

"La formation, qui va des connaissances de base au contrôle et au design du satellite, a duré 15 mois", a dit Zhou. "Les Nigérians ont affirmé, dans un rapport d'évaluation rédigé après la formation, que 'les Chinois sont très désintéressés' et que la formation est 'complète'".

Selon les statistiques du ministère chinois du Commerce, les échanges entre la Chine et l'Afrique sont passés à 55 milliards de dollars en 2006 avec 2,1 milliards de déficit commercial du côté chinois contre 12 millions de dollars en 1950. L'Afrique est devenue le troisième plus grand partenaire commercial de la Chine.

En 2006, les investissements directs de la Chine en Afrique ont atteint 6,64 milliards de dollars, comprenant les projets de télécommunications, de stations électriques, de protection des eaux, de transport, d'agriculture et d'industrie.

La Chine a instauré en juin 2007 un Fonds de développement sino-africain doté d'un capital de départ d'1 milliard de dollars, et qui va passer à 5 milliards de dollars.

Le fonds, dont le plus grand pourvoyeur est la Banque de développement de Chine (BDC), vise à aider les entreprises chinoises à investir et à commercer en Afrique, a dit Gao Jian, président du Fonds de développement sino-africain et vice-président de la BDC.

Le président chinois Hu Jintao a souligné que la coopération économique était bénéfique des deux côtés, lors de la visite rendue dans huit pays africains au début de l'année.

"Le gouvernement chinois n'encourage pas ses entreprises à prendre les marchés dans d'autres pays dans le seul et unique but d'augmenter la quantité de ses exportations", a-t-il dit.

Lors du sommet du Forum de coopération sino-africaine qui a eu lieu en novembre à Beijing, le président Hu a annoncé 8 mesures pour consolider "un nouveau type de partenariat stratégique" entre la Chine et l'Afrique, y compris l'ouverture du marché chinois aux exportations des pays africains les moins développés. Les autres mesures prévoient de faire passer le nombre de produits non taxés de 190 à 440, d'établir 3 à 5 zones de commerce et de coopération économique en Afrique dans les trois ans à venir, de créer un prêt préférentiel de 3 milliards de dollars et un crédit préférentiel de 2 milliards de dollars pour les acheteurs des pays africains et de dispenser une formation de 15 000 professionnels africains.

Concernant les soupçons de "néo-colonialisme" de la Chine soulevés par certains pays qui avaient libre accès aux marchés africains, le ministre chinois du Commerce Bo Xilai a dit lors de la session parlementaire annuelle en mars 2006: "La Chine a été autrefois victime du colonialisme, mais elle n'a jamais eu l'intention de coloniser les autres pays".

"Selon les statistiques, 36 % des exportations de pétrole africain sont allées vers l'Europe en 2006, 33 % aux Etats-Unis et 8,7 % seulement en Chine. Si l'on considère 8,7 % comme un pillage, alors que penser des 36 % et des 33 %?" a-t-il dit.

"Les pays africains ont davantage de choix avec l'arrivée de la Chine, qui, dans un sens, leur donne davantage la possibilité de s'exprimer sur leurs propres ressources", a dit He Wenping, directeur de la section des études sur l'Afrique de l'Académie des sciences sociales de Chine.

Selon Xu Weizhong, directeur de l'Institut des études asiatiques et africaines relevant de l'Institut des relations internationales contemporaines de la Chine, la Chine est bienvenue en Afrique, en raison de la "sincérité et de l'amitié" dont le pays a fait preuve au cours des deux dernières décennies.

"Dans les années 1960 et 1970, les ingénieurs chinois travaillaient dur en Afrique, en construisant des stades, des routes, des hôpitaux pour le peuple africain, même si la Chine connaissait elle aussi des difficultés économiques", a dit Xu.

Dans les années 1980, alors que l'Afrique était plus ou moins "oubliée" par le monde occidental, la Chine continuait de faire des efforts pour promouvoir ses relations avec l'Afrique. Depuis 1991, la Chine a maintenu la tradition qui veut que tous ses ministres des Affaires étrangères commencent leurs visites officielles annuelles par l'Afrique.

Avec une croissance commerciale annuelle de 40 % ces dernières années, la Chine souhaite que les deux parties développent pleinement leur coopération et portent, grâce à leurs efforts communs, le volume des échanges à 100 milliards de dollars d'ici 2010, a dit le Premier ministre chinois Wen Jiabao lors du sommet du Forum de coopération sino-africaine à Beijing.

Wen a rappelé la politique africaine de la Chine, qui est fondée sur l'égalité politique et la confiance mutuelle, la coopération économique et les échanges culturels bénéfiques pour tous.

"Nous n'allons jamais oublier le soutien précieux des pays africains à la Chine, dans ses efforts pour sauvegarder sa souveraineté nationale et son intégrité territoriale. La Chine continuera, comme toujours, à coopérer avec l'Afrique sur la base de la sincérité et des bénéfices mutuels", a dit Wen.

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