CALMER LA SURCHAUFFE DE L'ECONOMIE CHINOISE
2007-09-19 00:00

La zone de développement de Tianjin prospère grâce aux investissements étrangers, mais lorsqu'elle a rejeté récemment un projet étranger d'installation d'une usine de transformation de papier, elle a soulevé peu d'opposition.

   Ce projet figure parmi les 100 candidatures d'entreprises refusées en moins d'un an par cette zone située dans la plus grande ville portuaire de Chine du nord, en raison de problèmes de pollution et d'une consommation énergétique élevée.

   "Cela répond aux efforts du gouvernement central de développer l'économie en économisant de l'énergie et en protégeant l'environnement", a indiqué Li Yong, directeur du comité d'administration de la zone.

   Parallèlement, la ville de Wuxi dans l'est de la Chine a refusé un projet de papeterie d'un montant de 1,8 milliard de dollars. La zone industrielle de Songjiang de Shanghai a également rejeté un projet polluant de 1,9 milliard de yuans. Et la zone industrielle de Kunshan du Jiangsu a dépensé 500 millions de yuans pour éloigner les entreprises polluantes de la ville au cours des trois dernières années.

   La stratégie du gouvernement pour attirer des fonds étrangers a évolué. De "l'échange d'un marché contre des technologies" en vigueur à la fin des années 1970, lorsque la Chine a entamé ses réformes économiques et son ouverture vers l'extérieur, elle est passée à l'introduction de fonds étrangers pour accélérer le développement économique régional dans les années 1990 et à la mise en oeuvre de projets technologiques peu polluants, a déclaré le professeur Xu Fu de l'université de Nankai à Tianjin.

   Des experts industriels ont précisé que la nouvelle préoccupation à avoir pour permettre le développement durable de la Chine n'était pas la croissance rapide, mais le coût provoqué par cette croissance rapide.

UN DEVELOPPEMENT TRES RAPIDE ?

   La Chine conna?t un développement économique "rapide et efficace" depuis dix ans.

   Depuis 1990, l'économie chinoise se développe rapidement avec une croissance annuelle moyenne d'environ 10%. Fin 2005, la Chine a dépassé la Grande-Bretagne au rang de 4ème puissance économique mondiale en termes de produit intérieur brut (PIB), derrière les Etats-Unis, le Japon et l'Allemagne. Durant ces 5 dernières années, la Chine a contribué en moyenne annuelle à environ 13% de la croissance économique mondiale.

   Cependant, la Chine a payé le prix de la poursuite aveugle d'une augmentation de son PIB --sa consommation énergétique importante, et une pollution très grave qui menacent le développement durable et provoque les critiques de la communauté internationale.

   L'un des effets secondaires de la croissance rapide de la Chine est le sacrifice de l'environnement. Les mines de charbon surgissent comme des pousses de bambou après une pluie printanière pour répondre à la demande d'énergie croissante.

   Ma Kai, ministre chargé de la commission d'Etat pour le Développement et la Réforme, a dit: "nous continuerons de changer le modèle de croissance du pays cette année, en réduisant davantage la consommation énergétique et la pollution.".

   Le président chinois Hu Jintao a également souligné: "les gouvernements à tous les échelons doivent s'efforcer de mieux contr?ler la croissance économique et prévenir la surchauffe de l'économie."

UNE ECONOMIE POUSSEE PAR LES INVESTISSEMENTS

   L'économie chinoise maintient un développement qui repose sur les investissements. Le premier semestre de cette année a enregistré une croissance de 25,9% des investissements en capital fixe pour atteindre 5 410 milliards de yuans, en dépit d'un ralentissement de 3,9 points de pourcentage par rapport à la même période de l'année dernière.

   L'essor des investissements vient des liquidités excessives et des nouveaux projets d'investissement, a remarqué Li Xiaochao, porte-parole du bureau d'Etat des Statistiques.

   Selon les statistiques officielles, les investissements dans de nouveaux projets au cours du premier semestre de l'année ont augmenté de 6,4%, contre 6,1% de janvier à mai.

   "Les co?ts peu élevés des investissements et des ressources ont également incité des entreprises à accélérer leurs investissements dans certains secteurs," a souligné Li.

   Les investisseurs ont été également attirés vers les secteurs à fort taux de profit comme le fer et l'acier.

   Les fondements du développement économique ne sont pas encore suffisamment solides, le taux de croissance du PIB demeure très rapide, et les sacrifices consentis sont très élevés. Ma Kai a donc souligné que le gouvernement continuera à contrôler l'investissement en capital fixe.

EQUILIBRE LE DEFICIT COMMERCIAL

   Equilibrer la balance des paiements internationaux est devenu l'une des priorités du gouvernement. Les dirigeants chinois se sont engagés à redoubler d'efforts pour développer vigoureusement les importations et les investissements chinois à l'étranger, tout en maintenant une croissance rationnelle des exportations et en encourageant les investissements étrangers.

   Selon les statistiques des douanes, la Chine a enregistré un excédent commercial de 136,817 milliards de dollars durant les 7 premiers mois de l'année, soit une progression de 81% en glissement annuel.

   Ayant attiré plus d'investissements étrangers que d'autres pays en développement depuis 15 années consécutives, la Chine détient environ 1 330 milliards de dollars de réserves de devises.

   La hausse de l'excédent commercial engendre de fréquents différends commerciaux, tandis que l'important excédent des paiements internationaux a augmenté la pression à la hausse sur la monnaie chinoise (RMB).

   Des experts ont indiqué que la grande quantité de réserves de devises a obligé la banque centrale à émettre davantage de RMB, provoquant une fluidité monétaire excessive sur le marché financier intérieur. Ils proposent que le gouvernement se concentre sur l'introduction d'un plus grand nombre de technologies de pointe, sur le développement de méthodes de gestion modernes, et sur l'arrivée de personnel étranger.

   Selon les experts, le gouvernement chinois continuera à encourager les entreprises chinoises à investir à l'étranger.

   L'investissement à l'étranger par les entreprises chinoises en est à ses débuts, mais a connu une croissance rapide, a indiqué l'adjoint au ministère du Commerce Chen Jian.

   Les chiffres du ministère du Commerce montrent que les investissements à l'étranger étaient de 16,1 milliards de dollars en 2006, soit une augmentation de 31,6% sur une base annuelle. Rien qu'au premier trimestre de cette année, les investissements chinois à l'étranger ont atteint 4,27 milliards de dollars, en hausse de 22,7%.

   M. Chen a prévu que les investissements à l'étranger atteindraient 66 milliards de dollars durant le 11ème quinquennat (2006-2010), et environ 30 milliards de dollars vers 2020.

  

     ACCROITRE LA DEMANDE INTERIEURE

   Parmi les trois moteurs de l'économie -- exportations, investissements et demande intérieure -- la demande intérieure est la priorité.

   Selon le bureau d'Etat des Statistiques (BES), au cours du premier semestre de cette année, l'investissement a diminué mais la consommation a stimulé la croissance économique.

   Le volume des ventes de détail au cours des six premiers mois de l'année a augmenté de 15,4%, soit une hausse de 2,1 points de pourcentage sur une base annuelle, a dit Li Xiaochao, fonctionnaire du BES.

   "L'évolution de la demande intérieure depuis le début de cette année est ce que nous attendons", a précisé M. Li. Il a attribué cette évolution à la croissance rapide des revenus.

   "La bonne performance du commerce chinois ces dernières années et les subventions du gouvernement pour les foyers à bas revenus, ainsi que les salaires minimum plus élevés des travailleurs ruraux aident à accroître les revenus des habitants des villes et des campagnes," a dit M. Li.

   La croissance économique rapide de la Chine a permis à près de 200 millions de personnes de sortir de la pauvreté au cours des deux dernières décennies, mais le déséquilibre du développement laisse encore des millions de pauvres dans la souffrance, notamment à cause de l'augmentation des frais d'éducation, des coûts des soins médicaux et des appartements.

   C'est pourquoi les Chinois sont obligés d'économiser davantage pour l'éducation de leurs enfants et les co?ts des soins médicaux.

   "Cette année, nous n'allons plus demander de frais de scolarité et d'autres frais pour les élèves des campagnes scolarisés," a annoncé le Premier ministre chinois Wen Jiabao en mars dernier, ajoutant que cette politique réduirait le poids financier de 150 millions de familles rurales dont les enfants vont à l'école primaire ou secondaire.

   Wen Jiabao a également annoncé un plan ambitieux de mise en place d'un "système de garantie minimum" pour les habitants des campagnes, qui n'ont traditionnellement aucun accès au système de sécurité sociale.

   D'autres projets importants de dépenses prévoient un investissement du gouvernement central de 201,9 milliards de yuans pour améliorer le réseau de sécurité sociale, et une subvention du budget central de 10,1 milliards de yuans pour élargir la couverture du système médical coopératif à 80% des régions rurales.

   "Le gouvernement investit davantage dans l'éducation, les traitements médicaux et les appartements, la population va donc dépenser davantage, ce qui a pour conséquence une hausse des ventes d'automobiles, de produits électroniques, d'appartements et de mobiliers, " a souligné Li Xiaochao.

  

   CROISSANCE DUURABLE ET RAPIDE

   "La Chine continuera à appliquer et perfectionner les politiques de contr?le macro-économique, à s'en tenir à une politique fiscale et monétaire prudente et à impulser un progrès économique stable et rapide," a dit le ministre des Finances Jin Renqing.

   Cela signifie que "le gouvernement continuera à contr?ler les investissements dans les secteurs en surchauffe et à diriger l'argent vers les secteurs qui touchent directement le quotidien de la population. Le gouvernement utilisera des mécanismes de marché comme l'adjustement des taux d'intérêt et le ratio de réserves obligatoires pour renforcer les contr?les en 2007," selon Wang Xiaoguang, économiste à la commission d'Etat pour le Développement et la Réforme.

   Wang estime que le gouvernement essaye de réduire l'écart entre les régions rurales et urbaines en encourageant l'investissement dans les régions rurales. Cependant, il a dit que l'investissement dans les régions rurales n'augmenterait pas rapidement à court terme, et que le développement rural sera principalement encouragé par l'industrialisation et l'urbanisation.

   En dépit de l'utilisation de politiques macro-économiques du gouvernement central pour contrôler la surchauffe de l'économie, des experts chinois se sont mis d'accord pour que l'économie globale poursuive une croissance durable et rapide dans les deux prochaines années.

   "C'est pourquoi la Chine crée un environnement favorable pour la convocation du 17ème congrès national du Parti communiste chinois (PCC) cette année et l'organisation des Jeux Olympiques 2008 l'année prochaine," a indiqué Lu Zhongyuan, expert à l'Institut de recherche macroéconomique du centre de recherche et de développement du conseil des Affaires d'Etat.

   D'autres facteurs aideront à accélérer le développement de l'économie chinoise, notamment l'amélioration des modes de consommation, l'accélération de l'industrialisation et l'urbanisation, les investissements non-gouvernementaux et la croissance économique rapide dans le centre et l'ouest de la Chine.

Lu Zhongyuan prévoit que la croissance du PIB chinois sera de 11% en 2007. A moyen et long terme,  la croissance économique ralentira avec une croissance du PIB prévue à 10-11% en 2008 avant de diminuer à moins de 10%.

Par Wu Qi (China Features)

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